LE RETOUR DU MEILLEUR DES MONDES

Cher Investisseur,

Quinze jours avant Noël, Jerome Powell, président de la Fed, s’est fendu d’un commentaire inattendu, laissant entendre que trois baisses de taux étaient envisageables en 2024. Un changement de discours majeur, puisque jusque-là, il envisageait de maintenir les taux directeurs plus hauts, plus longtemps. Plus prudemment, la BCE s’engage aussi sur le chemin d’une fin du cycle de hausse des taux. Cette surprise a été saluée avec un certain (excès d’) enthousiasme dans les dernières semaines de 2023. Les taux longs se sont détendus à nouveau. Les indices boursiers se sont redressés. L’Eurostoxx 50 termine l’année en hausse de 19%, effaçant les pertes de 2022.

La confirmation de la décélération de la croissance mondiale tout au long de 2023, notamment en fin d’année, explique ce changement de ton. Avec un décalage, la hausse brutale des taux d’intérêts de ces 18 derniers mois produit ses effets. Des conditions de financement moins favorables pèsent sur la consommation des ménages et sur l’investissement, détériorant l’environnement économique. Elles participent à rééquilibrer le marché du travail et à réduire les pressions inflationnistes. Du coup, les banques centrales estiment que leur combat contre l’inflation est en passe d’être gagné. Force est de constater que depuis 2008, la Fed et dans une moindre mesure la BCE ont su gérer avec efficacité les multiples crises qu’elles ont affrontées. Aujourd’hui, chacun se sent à l’abri sous leur protection bienveillante sans trop se soucier de la hausse massive de l’endettement qu’elles ont favorisée. Dans l’ensemble, les sociétés cotées ont aussi démontré leur capacité à prospérer dans un monde chahuté et peu dynamique. Pour la plupart, elles sortent renforcées de ces épreuves. Aussi, le retour du meilleur des mondes est possible. Un monde dans lequel la croissance est suffisamment forte pour assurer la prospérité des entreprises et suffisamment faible pour maintenir l’inflation sous contrôle.

 Dans cet environnement en cours de normalisation, les très grosses sociétés du luxe et de la technologie n’accaparent plus l’intérêt des investisseurs au détriment des valeurs n’appartenant pas au CAC 40. Après 3 ans de sous-performance, ces dernières retrouvent progressivement la faveur d’un nombre grandissant d’investisseurs. La progression des volumes d’échanges et les performances de certaines valeurs oubliées en attestent.

Achevé de rédiger le 16 janvier 2024